Mon Royaume pour un cheval

La plus noble conquête de l'homme

Bête de somme, bête de trait, bête de selle ou bête de luxe, le cheval a la vie la plus dure qui soit : il tire, il porte, il court, il est entravé, il est battu, ses flancs saignent sous les coups d’éperon ; et puis, un jour, il tombe sur un champ de bataille ou meurt lamentablement au coin d’une rue ou au bord d’un fossé."

C’est ainsi qu’André Hellé, dans son ouvrage L’Arche de Noé, résume notre existence à moi et mes semblables. Ou plutôt la vie qui est la nôtre depuis que nous avons rencontré l’Homme. 

Qui suis-je ? Différents noms m’ont été donnés : Cocotte, Éclair, Rossinante, Crin-Blanc ou Pégase. Autant de patronymes pour un seul et même animal : le Cheval.

Compagnon de galère, de misère mais également d’aventure et de gloire, j’aurais pu me voir décerner le titre convoité de meilleur ami de l’Homme. Mais c’est le chien qui en a hérité. Soit. Il le mérite bien. En effet, il manifeste une confiance, une fidélité et une abnégation telles que je ne peux le jalouser. Pourtant je suis fidèle moi aussi. Et pour peu que l’on sache m’approcher, je fais montre de confiance et surtout d’une grande patience. Mais contrairement au chien, qui se laisse maltraiter et malgré tout cherche encore à plaire, le moindre faux pas à mon égard est chèrement payé. Que l’on m’approche avec douceur et bienveillance, je serai le meilleur des compagnons. En revanche, la moindre erreur, le moindre coup, un infime manque de respect provoqueront une défiance qui durera des semaines… C’est dommage lorsque l’on sait que l’Homme a mis plus de 20 000 ans à m’apprivoiser. Pourquoi tant de temps ? Peut-être à cause de ma nature fière, indépendante et indomptable. Ces mêmes traits de caractère qui sont sans doute à l’origine de la fascination que j’exerce.

Vous me trouvez vantard ? Je suis simplement réaliste. Il n’est qu’à constater ma prédominance dans l’Art, la Mythologie, la Religion mais également dans la Littérature. Et que dire des nombreuses études scientifiques cherchant à mieux me connaître, à améliorer mon élevage ainsi que l’exploitation de mes capacités ? Car si l’Homme a parfois commis quelques faux pas, m’obligeant à affronter un destin cruel – mais toujours à ses côtés – il a également eu le souci d’améliorer ma qualité de vie ou, du moins, mes "conditions de travail ".

Enfin, s’il ne devait demeurer qu’une seule preuve du lien unique existant entre l’Homme et moi, c’est que je suis l’un des rares animaux de travail à bénéficier d’une retraite ou à obtenir le statut d'animal de compagnie. Un peu comme un chien… mais en mieux !

Bref. La relation que nous avons tissée au fil du temps est riche et complexe. C’est à sa découverte que vous êtes invités… au pas ou au galop !