Au terme de ce parcours vous m'avez découvert insaisissable, pourvoyeur de nourriture, héros mythologique et de roman ou fidèle allié accomplissant mille et une tâches à vos côtés. En un mot : IN-DIS-PEN-SA-BLE ! Enfin c'est ce que je croyais… jusqu'à ce que la Révolution industrielle me désarçonne.
Car les progrès du XIXe siècle rendent obsolète mon utilisation. J’aurais logiquement dû disparaître. L'émergence, dans le même temps, de la société des loisirs me sauve heureusement. À la recherche de distractions, vous me trouvez une nouvelle utilité : celle de bête de compétition. Nouvelle ? Pas tout à fait. Depuis que l'Homme tient sur mon dos, il semble pratiquer l'équitation en loisir ou par compétition. Certains historiens pensent que les courses de chevaux sont apparues en Asie centrale il y a environ 6 000 ans, mais c'est l'Antiquité qui en a livré les premiers témoignages. Textes, monuments et poteries attestent de la passion des Grecs et des Romains pour les courses hippiques, dont les fameuses courses de chars, se déroulant au sein d'édifices dédiés. Le plus connu étant le Circus Maximus, situé à Rome.
Tombées en désuétude avec l'avènement du Christianisme, les courses de chevaux organisées réapparaissent au XVIIe siècle en Angleterre, sous l’influence des producteurs de chevaux de selle utilisés pour la chasse à courre. Le XIXe siècle voit leur apogée mais leur démocratisation n'est perceptible qu'au cours du siècle suivant. Au fil du temps, la pratique hippique s'est diversifiée et les "turfistes" peuvent désormais parier sur de nombreux types de courses de galop ou de trot, attelées ou non.
Mais la pratique hippique ne constitue pas la seule activité de loisir à laquelle je participe. Plus confidentiel que les courses de paris, le sport équestre puise pourtant également ses origines dans l'Antiquité. Au Ve siècle avant notre ère, Xénophon décrit dans ses ouvrages des techniques de dressage reprises, au XVIIe siècle, dans des traités d'équitation académique classique. De là sont issues des disciplines actuellement pratiquées en tant que sport, relevant plus de la performance que la course. Parmi elles, trois sont reconnues depuis 1900 comme sports olympiques: le dressage, le saut d’obstacle et le concours complet.
Bien évidemment, en dehors des champs de courses ou des stades, chevaux et cavaliers se trouvent réunis autour de d'une quantité d'autres disciplines. Je pense entre autres à la voltige ou à l'attelage, prétextes à des spectacles, des fêtes ou des balades.
Et j'en oublie sans doute, tellement l'imagination de l'Homme est inépuisable. Peut-être dans le but que notre relation jamais ne cesse. À moins que je ne lui ai moi-même inspiré une multitude d'usages, afin de faire subtilement de l'Homme "la plus noble conquête du cheval".
Voyage du ministre des Colonies à la Côte d'Afrique
Correspondance Claude Dethève, Carte postale, s.d. (Cpdt 353)