Pavillon Richelieu, rez-de-chaussée du Département des Sculptures françaises, en vous approchant d’une vitrine, vous allez vous trouver devant une Vierge en majesté provenant de la chapelle Notre-Dame-de-Baroille à Saint-Georges-de-Baroille, situé à trente kilomètres au sud de Roanne. Son cartel vous apprendra qu’elle est entrée dans les collections du Louvre en 1952, date d’acquisition.
Haute de 54 centimètres, en bois peinte aux couleurs polychromes recouvert de plaques métalliques, la statue représente la Vierge assise sur un trône évidé à l’arrière, couronnée et vêtue d’un bliaud* semé de fleurettes en relief dont l’encolure est ornée d’un orfroi* avec un long manteau. Elle porte une riche couronne surmontée de gemmes. Sa vêture est complétée par des chaussures brodées d’un rang de perles. Elle porte l’Enfant entre ses genoux avec dans sa main droite une colombe.
Dans un des carnets des tournées réalisées pour l’inventaire des richesses artistiques des églises de l’arrondissement de Roanne, en 1889, Joseph Déchelette nous livre un croquis accompagné d’une première description: « 1352 ces chiffres sont à la craie et doivent rappeler une ancienne date. La Vierge au manteau bleu broché de fleurettes et une robe rouge ; elle est voilée ; diadème fermé ainsi que Jésus tient une colombe de la main droite. Jésus tient de la droite à la gauche sur un livre très plate, assise sur un siège informe. C’est une plaque de tôle de métal repoussé ou martelé et clouée sur une ossature en bois.» En effet, Joseph Déchelette était missionné par le Ministère des Beaux-Arts, en tant que correspondant du Comité des Sociétés des Beaux-Arts, pour le département de la Loire. Il a parcouru tout l’arrondissement de Roanne afin d’étudier les œuvres d’art perdues dans les églises. Il compilera notamment ses découvertes au travers d’un écrit « Notes sur les objets d’orfèvrerie conservés dans les églises de l’arrondissement de Roanne » où la photographie de la Madone de Baroille y sera reproduite.
Depuis le XIIe siècle, Baroille attirait une foule de pélerins. La mention de 1352 sur le degré du siège visible en 1889 rappelle sans doute une date inscrite autrefois en lettres romaines. Cette statue semble datée du XIIe siècle et présente un témoignage du travail des artisans du Moyen-Âge travaillant le plomb. Ces statues étaient réalisées à partir d’un moule et pouvaient être répliquées puis diffusées afin de servir à l’ornementation des édifices religieux. Cette vierge était l’objet d’une vénération et constituait le but du pèlerinage, le 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge Marie dont le dernier eut lieu en 1952 en présence de la statue.