Emile Dessendier (1855-1912) et La Grande Galerie roannaise
Combien de Roannais ont dans leur album de famille des photographies Dessendier ? Le plus important studio de photographie de Roanne est bien celui-ci qui fut en activité à Roanne de 1886 à 1931. Au-delà de l’intérêt pour cette enseigne roannaise prestigieuse et productive, c’est avant tout un exemple significatif de l’essor de la photographie et des hommes qui firent avancer sa production.
Emile Dessendier naît le 16 mars 1855 dans la Loire, d’un père négociant en vin et d’une mère commerçante assez fortunée. Il étudie chez les Lazaristes et fait preuve très tôt de qualités scientifiques, en particulier en chimie, domaine d’élection d’un futur photographe. A 17 ans, il est déjà passionné par la photographie et son avenir professionnel semble bien déterminé. Incorporé en 1875 pour son service militaire, il est déjà photographe. Il quitte l’armée en 1883 et installe un premier commerce à Avignon « Grande photographie générale », atelier où il pratique la photographie et la peinture. En 1884, il élargit son activité et ouvre un deuxième commerce à Paris. Son activité étant en plein essor, il fonde cette même année, sa fabrique d'autotypie. Son activité roannaise semble débuter au même moment : il opère d’abord dans un atelier de voyage, pratique courante à cette époque dans les villes de province. En 1886, à 30 ans, il se fixe définitivement à Roanne, au 82 rue Nationale.
Ces années sont également marquées par les nombreuses recherches techniques qu’il engage pour améliorer sa production. Emile Dessendier appartient à cette famille de photographes inventeurs, en recherche constante d'améliorations techniques. Après s’être adressé à divers ingénieurs et diverses maisons de construction en France et à l’étranger, sans résultat, il se voit dans l’obligation de construire lui-même ses appareils chez lui, avec le concours dévoué d’un employé. Début 1889, son photomètre enregistreur, dispositif permettant de mesurer l’intensité de la lumière, et une machine pour le tirage automatique des épreuves photographiques au charbon, sont enfin prêts.
Il les présente d’abord à un petit comité roannais, avant de les exposer à l’Exposition Universelle de 1889, où il sera récompensé par une médaille de bronze et une mention très honorable.
Par la suite, il multiplie les brevets de ces inventions et à les dépose dans de nombreux pays : Allemagne, Autriche, Etats-Unis, Russie, Angleterre, Belgique et Luxembourg. Il mène de front l'essor de son activité commerciale et ses recherches techniques, en véritable entrepreneur. A partir de 1910, Emile laisse petit à petit l’entreprise à ses 2 fils, pour se consacrer à ses recherches. Il meurt le 3 mai 1912, à l’âge de 57 ans.
Jean Dessendier (1884-1931)
Dès 1910, Jean Dessendier prend en main, développe et diversifie l’activité commerciale de la « Galerie Dessendier » : des portraits bien entendu à tous les prix et pour toutes les occasions, mais également une exposition permanente des réalisations photographiques de la maison, des appareils et produits pour amateurs, les actualités journalières et bientôt une salle de cinéma, avec orchestre, qui perdurera, devenant par la suite, le Rex. Jean Dessendier meurt dans un accident de voiture en 1931 et avec lui s’arrêtera l’activité de cette illustre maison.

