Grâce à de nombreux et généreux donateurs les fonds du Musée et de la Médiathèque se sont considérablement enrichis à partir du XIXe siècle. Ces personnes ont légué ou donné à la Ville de Roanne une partie de leur bibliothèque personnelle ou professionnelle, des archives familiales, des photos, des cartes postales, des plans… Mais au fait que différencie ces deux actes ?
Auguste Boullier, Venise dans sa splendeur
Le legs signifie un don rédigé par testament issu du droit civil et désigne une mise à disposition gratuite de biens par une personne au profit d’une ou plusieurs autres personnes. A ce propos, Monsieur Auguste Boullier, sans descendance, lègue par testament l’ensemble de sa collection à la Ville de Roanne en 1898 lors de son décès. Né en 1833 au sein d’une famille de notables roannais, il obtient le baccalauréat au collège de Roanne puis étudie le droit à Paris. Sa santé précaire met malheureusement un terme à ses ambitions et l’oblige à voyager en Italie afin d’y respirer un air plus clément. De 1855 à 1859 il visite ce pays et se passionne pour la Vénétie. Dès lors il se constitue une bibliothèque spécialisée sur Venise riche de 7 700 volumes parmi lesquels nous trouvons des manuscrits, des ouvrages imprimés, des estampes des XVIe et XIXe siècles, des historiographies, des vues de Venise, des pièces de théâtre italiennes ainsi que des ouvrages de bibliophilie aux somptueuses reliures et enluminures conservées précieusement dans nos magasins et consultables uniquement sur demande. Il s’intéresse également à deux auteurs du XVIe siècle Pietro Aretino et Lodovico Dolce et aussi aux pièces de théâtre italiennes du XVIe et XVIIe siècle. De même il participe activement à la fondation de la société savante du Forez : La Diana.
Jules Ravaté, théorie d'une sociologique du progrès
Le don quant à lui indique l’action de donner, de faire cadeau à une autre personne, très souvent dans l’anonymat. Prenons le cas de Monsieur Jules Ravaté né à Roanne en 1875, fils d’un marchand de journaux et d’une ouvrière tisseuse. Autodidacte il exerce la profession d’ouvrier gareur. Très jeune il adhère au groupe anarchiste et en 1897 en devient l’un des délégués au Congrès de Vienne. Secrétaire du Conseil syndical des tisseurs, il conduit plusieurs grèves en 1901 avant de démissionner pour se consacrer à l’éducation. Il fonde l’Université populaire. A partir de 1896 on le catalogue comme antimilitariste, antipatriotique et anarchiste dangereux. En 1911 il gère la Bibliothèque Municipale Populaire de Roanne avant de devenir le secrétaire de Georges Deherme, anarchiste positiviste parisien. Durant sa vie il rédige de nombreux articles de presse ainsi que quelques livres. Suite à son décès en 1916 et, selon sa volonté, son épouse donne ses archives et sa bibliothèque à la Ville de Roanne.