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Pompéi, de nouveaux secrets révélés…

Empreinte humaine découverte en 1873 à Pompéi, procédé inventé par Giuseppe Fiorelli (1823-1896) où le plâtre liquide est versé dans une cavité autour du corps de la victime. Moulage donnant une image très précise du sujet.  Collection  Musée Joseph Déchelette, AJDI-AL090532.

Empreinte humaine découverte en 1873 à Pompéi, procédé inventé par Giuseppe Fiorelli (1823-1896) où le plâtre liquide est versé dans une cavité autour du corps de la victime. Moulage donnant une image très précise du sujet. Collection Musée Joseph Déchelette, AJDI-AL090532

Il y a des dates marquantes de l’histoire que l’on n’oublie pas, 1515 bataille de Marignan, 14-18 Première Guerre Mondiale, 14 juillet 1789 prise de la Bastille, et la date de l’éruption du Vésuve pour les plus férus d’entre vous ? 24 août 79 après J.-C., date jusqu’ici admise de son éruption ayant détruit la ville de Pompéi est remise en question par une découverte exceptionnelle.


Pompéi, source incomparable pour la connaissance de la vie quotidienne de l’époque romaine, ville située en Campanie, à vingt-cinq kilomètres de Naples, au pied du capricieux volcan du Vésuve. Elle ne fut pas atteinte par la lave comme à Herculanum mais fut ensevelie sous une couche de lapilli, petites pierres poreuses projetées par le volcan napolitain en éruption et de cendres de quatre à six mètres d’épaisseur. 

Selon la tradition littéraire, l’éruption a débuté le 24 août 79 et s’est poursuivie pendant trois jours. Une description précise de cette éruption a été donnée dans une lettre de Pline le Jeune, journaliste de son temps à Tacite. Pline le Jeune assista, bien que de loin, à l’éruption du Vésuve. Il relata la catastrophe du golfe de  Misène, et les derniers instants de son oncle Pline l’Ancien, qui partit avec des bateaux pour voir de plus près ce phénomène extraordinaire et pour porter secours aux populations voisines du Vésuve, et qui mourut sur la plage de Stabies. Mais certaines observations botaniques amènent à proposer une correction des textes et font supposer qu’elle se produisit en automne 79 après J.-C.


2018, nouveau rebondissement à Pompéi, des archéologues ont annoncé la découverte d’un graffiti sur un mur de la cité antique. Sans doute gribouillée par un ouvrier en train de rénover une maison, l’inscription mentionne « in[d]ulsit pro masumis esurit[ioni] » que l’on peut traduire en langage familier « Il s’est bâfré ». Mais l’auteur de ces lignes qui ne manquait pas d’humour, a pris soin de les dater : « XVI K Nov » soit « XVI (ante) K(alendas) Nov(embres) » ce qui signifie précisément « le seizième jour avant les calendes de novembre », soit le 17 octobre. Ce qui exclue d’emblée une éruption en été !

Fresque murale d’une maison de Pompéi représentant Hercule ivre. Collection Musée Joseph Déchelette, AJDI-AL100538

Fresque murale d’une maison de Pompéi représentant Hercule ivre. Collection Musée Joseph Déchelette, AJDI-AL100538

Détail d’une fresque pariétale d’une maison de Pompéi représentant Ulysse et Pénélope. Collection  Musée Joseph Déchelette, AJDI-AL100545

Détail d’une fresque pariétale d’une maison de Pompéi représentant Ulysse et Pénélope. Collection Musée Joseph Déchelette, AJDI-AL100545

Ce graffiti cousin de nos post-it modernes, a été exhumé dans le nouveau secteur de fouilles de la ville antique (Regio V) et permet d'établir que la catastrophe aurait eu lieu deux mois plus tard.  C’est  la première fois depuis la fin de la Seconde guerre mondiale qu’une grande campagne de fouilles et d’explorations est  menée sur un tout nouveau secteur au nord de la ville romaine, de plus d’un millier de mètres carrés. La communauté archéologique ne peut qu’applaudir et se réjouir des futurs résultats de cette grande campagne. Drones, laser et reconstitutions 3D seront ainsi employés pour étudier et explorer d'importantes surfaces épargnées jusque-là de toute intervention humaine.


Mais d’où vient alors l’erreur originelle ? Si la lettre écrite par Pline le Jeune, vingt ans après l’éruption, mentionne clairement « le neuvième jour avant les calendes de novembre », il n’est pas exclu qu’à l’époque médiévale, un moine copiste quelque peu rêveur, se soit trompé… et que son erreur ait été reproduite pendant des siècles et des siècles. Errare humanum est, l’erreur est humaine.