Petite immersion dans la mythologie classique gréco-romaine avec en focus un personnage atypique mais non moins énigmatique : le satyre. Sa mauvaise réputation n’est plus à faire. Il évolue dans l’entourage du Dieu du vin : Dionysos chez les Grecs ou Bacchus chez les Romains. Les satyres ont en effet une attirance pour ce breuvage.
Dans l’imaginaire occidental, il prend toutes sortes de formes, du bouc lubrique à l’homme sauvage. L’univers des satyres constitue une humanité à la marge, un monde comique, obscène et décalé. Mais pour donner corps aux satyres, les sculpteurs, tout comme les bronziers et les peintres, ont essayé de révéler la part animale dont le satyre est constitué. Il porte sur ses jambes et son visage sa pilosité.
Musée du Vatican, Rome. Sculpture antique représentant un Satyre retirant une épine du pied d’un Faune
© Roanne - Musée J. Déchelette
D’une manière générale, mi-homme, mi-cheval ou mi-bouc, le satyre est reconnaissable à sa queue et à ses oreilles en pointe. Parfois pourvu de cornes, on le rencontre avec des sabots. La figure du satyre apparaît comme une invention picturale du début du VIe siècle avant J.-C, représentée sur la céramique grecque antique à figures noires ou à figures rouges produite à Athènes. L'anatomie des satyres connaît également des variantes notamment lorsqu’ils sont peints sur la céramique attique à figures noires. Leurs corps noirs mouchetés de point blanc les animalisent et s’opposent à la peau lisse ou glabre des groupes sculptés.
Au nez court et plat, à la figure barbue, il incarne la laideur. Pour les Grecs, la laideur est synonyme de bassesse d’esprit. En effet, à l’époque classique, beauté apparente et intérieure ne font qu’une. Le citoyen est beau et bon, à la fois sage et de belle apparence. Par opposition, le satyre est considéré comme une brute épaisse, un bon à rien, parfois bedonnant, et souvent aviné. À la libido hyperactive, son énergie sexuelle le rapproche davantage des animaux que des hommes. Il se tourne vers le monde animal, âne, biche ou chèvre, pour satisfaire ses besoins inassouvis. Il entretient un lien privilégié avec les capridés, liés à Dionysos et à l’invention du vin. Car ce sont les chèvres qui, avant les hommes, broutent et taillent la vigne. C’est également la peau de chèvre qui sert d’outre à contenir le vin.
Musée de Naples, Silène
© Roanne - Musée J. Déchelette
Musée de Naples, Satyre accouplé à une chèvre
© Roanne - Musée J. Déchelette
D’apparence adulte et masculine, les satyres n’ont pas vraiment de généalogie précise, sans famille, sans géniteurs, sans véritables noms. On connaît le nom de Marsyas ou celui de Silène, plus âgé que ses compagnons, investi en quelque sorte d’une autorité paternelle. Il incarne une forme de sagesse.
Ce Silène porte lampe, ventripotent, une draperie autour des reins, couronné de pampres, écartant de lui un serpent est une réplique d'un bronze romain mis au jour à Pompéi en 1863 et conservé au Musée archéologique de Naples. La couronne ornée de palmettes portée par Silène devait accueillir un récipient en terre cuite contenant du vin, ou encore une lampe à huile. Cette statuette est dans le style des bronzes de la fonderie Chiurazzi.