Ce que les bâtiments racontent

Ils sont là. Hiératiques, imposants, gardiens silencieux de la ville, indifférents semble-t-il à l'agitation qui les environne. Lieux de pouvoir ou lieux de loisirs, les monuments constituent les repères essentiels d’un espace urbain dont ils se démarquent pourtant. Rompant avec la linéarité de rues parfois impersonnelles ou à l'architecture extravagante, ils sont des points d’accroche pour l’œil dans le grand tout qu’est la ville.

Rien d’étonnant dès lors que certaines cités se confondent dans l’imaginaire collectif avec l’un de leurs monuments emblématiques. Ainsi comme Paris a sa Tour Eiffel, Pise son campanile, Constantinople sa Sainte-Sophie, Roanne a son Donjon !

De nombreux monuments et édifices remarquables jalonnent les clichés de Roanne pris par Geoffray.

Que représentaient-ils pour lui et ses contemporains ? Constituaient-ils un témoignage d’ordre archéologique d’une époque révolue au même titre que les prises de vue de la destruction du cloître de Charlieu ?

Geoffray se situe au point de bascule d'une ville qui se transforme, de la Roanne d’Ancien Régime, marquée par la tour seigneuriale ou les ordres religieux, à la Roanne industrielle.

Les 15 monuments sélectionnés ici soulignent combien la ville se recompose en permanence jusque dans les fonctions assignées à ces bâtiments, évoluant au fil des siècles selon les opportunités et les mutations socioéconomiques, politiques ou religieuses. Si certains ont traversé les époques et semblent aussi frais qu’au premier jour, d’autres ont perdu de leur superbe ou ont disparu. Cet effacement progressif du passé permet ainsi des découvertes, telle cette maison bourbonnaise, a priori bien anodine, qui ne se révèle qu’avec la disparition de ses semblables voisines. De bâtiment à monument, il n’y a parfois qu’un pas.