Se parer pour se montrer

L'art du portrait existe depuis l’antiquité égyptienne mais c'est à la Renaissance qu'il connaît son expansion. En effet, le courant humaniste plaçant l’homme au centre des préoccupations intellectuelles et artistiques, s’attarde sur l'individu en tant que tel et par là même à sa représentation singulière.

Le portrait « rend présents les absents et les morts » selon Léon-Battista Alberti dans De pictura en 1435. De ce fait, les personnes représentées tant que les artistes apportent un soin particulier à l’image qu’ils vont transmettre à travers le choix de la posture, des vêtements et accessoires, des coiffures, du décor, de la lumière…  

À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, la photographie se substitue à la peinture en permettant une multiplicité des images et leur accessibilité à une frange de la population de plus en plus importante. Les codes esthétiques du portrait restent les mêmes, les personnes sont en représentation, avec leurs plus beaux atouts, affichant un air sérieux dû au temps de pose nécessaire à la prise de vue comme au souhait d’immortaliser leur apparence.

Vers 1890, les procédés d'impression photomécaniques permettent la reproduction des clichés photographiques sur des cartes destinées à la correspondances qui s’illustrent, entre autres, de portraits privés ou ethnographiques à visées culturelles. Ces derniers permettent de découvrir les us et coutumes de contrées plus ou moins lointaines tels les coiffes alsaciennes ou les kimonos chinois.   

En 2002, une nouvelle façon de se mettre en scène voit le jour avec le selfie ou  egoportrait dans lequel le détenteur de l'appareil photographique numérique prend, à bout de bras, le cliché sur lequel il figure.  L’intérêt réside là encore, dans les informations personnelles que l’auteur souhaite transmettre : des précisions physiques, géographiques, d’occupations, d’accompagnants…

Dans L’Histoire Naturelle publiée en 77, Pline l’ancien conte que la fille de Butadès, avant le départ de son amant, traça son contour au charbon de bois sur un mur afin de ne pas l’oublier. Elle inventa ainsi le dessin et réalisa le premier portrait. À n’en pas douter, elle était loin d’imaginer que son invention aurait un tel succès.

Marie Claire d'Urfé duchesse de Croy

Avant de prendre la pose, Marie Claire d'Urfé, duchesse de Croy et duchesse d'Havré (1605-1664) a revêtu les éléments dignes de son rang : une robe à taille haute constituée de diverses étoffes et de passementerie, au col en dentelle et aux manches bouffantes en dessous de laquelle elle porte une fine chemise.

Les perles, mises à la mode par les reines Catherine et Marie de Médicis, ornent son corsage, son cou et ses oreilles.

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Tonkin - Hanoï - Femme coiffée du grand Chapeau

Les photographies exotiques ont pour but d’éveiller la curiosité. Imprimées sous forme de cartes postales pour une large diffusion, elles sont vendues à plusieurs millions d’exemplaires entre 1900 et 1930.

L’accent est mis ici sur le grand chapeau réalisé en feuilles de palmiers dont l’usage remonterait à 3000 ans. Il peut être de forme conique, le nón lá ou large et plat, le nón quai thao. Ce dernier d’un diamètre de 70 à 80 cm, agrémenté de passementerie de soie, est un marqueur social dans la tenue vestimentaire des femmes.

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Afrique Occidentale - Sénégal Cérère None - Jeune Fille

« Les filles ne portent qu’un rudiment de vêtement », indique la légende de cette carte postale. C’est faire fi des scarifications qu’arbore cette jeune femme.

Pratique culturelle de certaines ethnies africaines consistant à inciser le corps et le visage afin de provoquer des cicatrices, la scarification donne des informations sur la tribu et le rang social de la personne. Elle peut également posséder une dimension spirituelle.

Cette coutume est en recul depuis les années 1970.

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Habito di Gentildonna

Se parer pour se montrer est aussi régi par des codes de bienséance. Cette estampe est le Fac-similé d’une gravure vénitienne de 1610, présentant les tenues d’une noble dame dans différentes situations.

Chaperonnée par sa suivante, elle porte le voile des femmes mariées couvrant la chevelure pour sortir en public.

Elle a détaché ses longs cheveux, a revêtu une robe élégante et s’est parée de bijoux pour resplendir en société.      

En tenue d’intérieur, elle s’adonne à des préoccupations féminines aidée de sa servante. 

Enfin, devenue veuve et sous la protection de sa suivante, elle sort à l’extérieur camouflée sous une longue cape.

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