Il faut souffrir pour être belle, et si, pour épouser le prince dans le conte de Peau d’âne, c’est l’annulaire qu’il faut se masser pour l’avoir mince, voici cinq autres pratiques d'antan afin de parfaire la beauté féminine.
1- En Égypte antique, la mode est au fard. Les yeux sont cerclés de noir par le khôl, mélange de plomb et de graisse. Il possède, en plus de ses qualités esthétiques, des vertus médicinales connues à l’époque. Les joues ainsi que les lèvres sont fardés de différentes couleurs en fonction des pigments. Les cheveux et les ongles se colorent également grâce à la poudre végétale issue du henné.
2- Au Moyen-âge, le synonyme de beauté est pureté. La peau doit être blanche, le visage sans maquillage, le front large et haut. Pour ce faire, les sourcils et les cheveux sont épilés. Afin d’éviter la répétition de cette opération douloureuse, les femmes s’appliquent un mélange de chaux vive et de sulfure d’arsenic associés à du sang de chauve-souris ou de grenouille.
3- Plante mortelle, la belladone (belladonna /belle-dame) est utilisée pour parfaire le regard des femmes de la Renaissance. Quelques gouttes instillées dans les yeux dilatent la pupille afin de donner le regard sombre et profond de biche qui séduit la gent masculine. La belladone provoque également un léger strabisme convergent, alors considéré comme un charme, une coquetterie dans l'œil.
4- À partir de 1774, la reine Marie Antoinette met à la mode chez les dames de la noblesse le Pouf Sentimental. Cette coiffure mêlant cheveux, perruque, tour de maintien, gaze (jusqu’à treize mètres) et artifices (plumes, animaux imités, perles, bijoux, bibelots…) peut atteindre un mètre de hauteur pour un poids de cinq kilos. Plusieurs heures sont nécessaires à sa conception. Son prix peut atteindre 50.000 livres soit 65.000 €.
5- Le corset est porté par les femmes du XVIe au XXIe siècle. Conçu à l’origine dans le but d’octroyer de la fermeté dans le maintien, ses caractéristiques varient selon les périodes. Il acquiert au XVIIIe siècle sa forme la plus sévère avec un haut soutien de la poitrine, une compression extrême des côtes et un rejet des épaules en arrière tandis que dans les années 1900 il impose une poitrine basse accompagnée d’une cambrure qui projette les fesses en arrière. Le corset n’est plus aujourd’hui un sous-vêtement quotidien. Ses successeurs les plus ressemblants sont la guêpière et le bustier.
Tonkin - Buste de jeune fille
Le perçage du lobe de l'oreille est la modification corporelle la plus ancienne et la plus répandue. Porter une paire de boucles d’oreilles se faisait déjà en Mongolie il y a 8000 ans.
Toutefois la symbolique de ce bijou est complexe ; érotisation du visage, marqueur social et culturel, pure esthétique, visée thérapeutique … toujours est-il qu’il s’agit du bijou le plus porté par les femmes et que pour ce faire, toutes endurent, encore aujourd’hui, la douleur.
Femme chinoise
La coutume des pieds bandés est pratiquée en Chine à partir du Xe siècle avant d’être interdite et de cesser dans les années 1950. Elle est une distinction sociale car les femmes concernées ne peuvent physiquement accomplir aucune tâche domestique.
La pratique débute vers l'âge de cinq ou six ans. Les pieds sont dans un premier temps plongés dans un mélange d'eau chaude, de sang animal et d’herbes médicinales. Puis les doigts de pied, à l'exception du gros orteil, sont pliés contre la plante du pied. Enfin la voûte plantaire est courbée afin d’en réduire la longueur et de donner au pied une forme de bouton de lotus. L’ensemble est maintenu serré par un bandage. Deux années sont nécessaires afin d’atteindre la taille idéale de 7,5 centimètres.
Le cortegiane si fanno conciare a diversi modi la testa
Blond ou roux ? Telle est la question que soulève la couleur de cheveux nommée blond vénitien. Il s’agit en effet d’une base rousse mêlée à une teinte blonde donnant des nuances dorées et cuivrées rares à l’état naturel.
Cette coiffure fait fureur à Venise au XVIe siècle. Les femmes se décolorent les cheveux avec un mélange d'urine d'humaine ou animale (chat, cheval) avant d’ajouter une poudre colorante à base de safran, citron et rhubarbe. Elles doivent ensuite s’exposer au soleil pour favoriser la réaction chimique durant le séchage.
Una che si concia con due specchi
Au XVIIe siècle, les prostituées vénitiennes inventent la coiffure aux champignons permettant de les identifier au premier regard. Le voyageur Thomas Coryat la décrit ainsi en 1611: « Quant à la personne même de la courtisane, elle vient à ta rencontre comme la Reine et la Déesse de l'Amour. Son visage est orné de la quintessence de la beauté. Sur ses joues, tu verras le lys et la rose se disputer la suprématie, et tu verras les tresses argentées de ses cheveux ordonnées de cette étrange manière avec deux pointes bouclées qui se redressent droites comme deux gracieuses pyramides ».