Maternité, le don de soi

Le corps de la femme fait art depuis la préhistoire. Incarnant le symbole de la fécondité et de la maternité, ses représentations au moment de la grossesse, processus indissociable de l'identité féminine, sont pourtant peu présentes dans l’iconographie occidentale avant le XXe siècle.

Différentes causes expliquent cette absence. Dans une société à la morale chrétienne, le corps impur et déformé de la femme enceinte se trouve être l’incarnation du péché charnel. D’autre part la gestation évoque l’accouchement soit les parties anatomiques honteuses dont on ne parle pas. Enfin, l’incertaine chance de survie de la mère et de l’enfant provoque peur et superstition.

Seuls les manuels de médecine se hasardent à quelques illustrations dans le but de percer et expliquer le mystérieux phénomène : que se passe-t-il à l’intérieur de ce corps étrange? L’être existe-t-il déjà à minuscule échelle ? La semence masculine répandue à droite dans la matrice engendre-t-elle un mâle ?

Toujours est-il que le temps de l’enfant à venir, rare et fugace, et aussi celui des transformations corporelles, sensorielles et psychiques pour la femme enceinte. Un « véritable travail créatif » selon Hélène Riazuelo, durant lequel le berceau corporel est, généralement, accompagné d’un processus d’investissement affectif. La mère en devenir prépare sa maternité.

Cette dernière ne manque pas de représentation, elle est même mise en valeur grâce à des images présentant l’amour maternel, à commencer par celui de la vierge Marie mais aussi valorisant l’importance de l’éducation.

Il est donc convenu que la mère doive donner d’elle-même au-delà de la grossesse et de l’allaitement, faire don de son corps à la famille. Simone de Beauvoir est l’une des premières à dissocier féminité, sexualité et procréation dans Le Deuxième Sexe publié en 1949. Elle trace le chemin du féminisme qui revendique pour les femmes d’autres statuts que ceux de mère ou putain et la liberté de disposer de leur corps.

Dakar, dans le village

Méconnu ou maitrisé, culturel ou cultuel, obligatoire ou illicite, naturel ou médical, le contrôle des naissances est un enjeu personnel et sociétal existant depuis l’apparition de l’humanité.

Ainsi parmi les méthodes contraceptives anciennes se trouvent des préservatifs en intestins d’animaux, des décoctions à base d’excréments de crocodile, l’application de tampons en éponge…

Tandis que la fécondité est accrue par l’ingestion du lait d’une femme allaitant un garçon, par une relation sexuelle un soir de pleine lune, en s’asseyant sur la chaise de Sainte Marie-Françoise à Naples…

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In sta cassela

Selon Jean-Jacques Rousseau dans Émile ou De l'éducation, publié en 1762, le rôle de la mère ne se borne pas à l’enfantement, il est social et capital car :

« De la bonne constitution des mères dépend d’abord celle des enfants ; du soin des femmes dépend la première éducation des hommes ; des femmes dépendent encore leurs mœurs, leurs passions, leurs goûts, leurs plaisirs, leur bonheur même. Ainsi toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes. ».

Bien que prônant l’éducation des femmes dans le seul but de mieux servir celle des hommes, l’auteur propose une nouvelle axiologie ; le pouvoir détenu par les unes sur les autres.

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Sénégal, Dakar, femmes Ouolof

Porter son enfant contre son corps grâce à un tissu est une tradition répandue tant en Afrique et en Asie qu’en Amérique du sud. Si le portage sur le côté et sur le ventre permet de surveiller le bébé, le nicher au creux des reins donne la possibilité de vaquer à des occupations. Relais entre l’intérieur et l’extérieur du corps de la mère, il assure, par son intégration à la vie quotidienne et l’ouverture sur le monde, un bon développement psychique de l’enfant.

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Femme chinoise et enfant avec cerf-volant

Au XVIe siècle déjà, les missionnaires chrétiens relatent la pratique de l’infanticide des enfants de sexe féminin en Chine. En effet, dans une société au fonctionnement patriarcal, celles-ci ne possèdent aucune valeur, ce sont même des fardeaux pour les parents. Le recours à la noyade fut remplacé par l’avortement sélectif puisqu’en 2018, 115 naissances de garçons étaient enregistrées pour 100 naissances de filles. La raison principale est aujourd’hui la perpétuation de la lignée paternelle

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