Il n'y a pas de commentaire pour cette notice.
Dès le début du XIXe siècle Roanne devient célèbre grâce à la filature ; suite à une première crise économique en 1846, le tissage prend le relais et progresse rapidement. Les faubourgs Clermont et Mulsant accueillent une concentration d’ateliers et d’usines. Parallèlement, pour loger les ouvriers, on construit de petites maisons avec une grande pièce attenante pouvant abriter un métier à tisser. Ainsi le travail à domicile déjà existant dans les villages environnants se développe rapidement en zone urbaine.
Après la guerre de 1870, de nouveaux marchés s’ouvrent : la production textile roannaise s’accélère et le tissage devient alors l’activité dominante. Monsieur Brison fait construire, impasse Fontval un bâtiment équipé de 250 métiers qu’il cédera à Monsieur Bréchard en 1878. En 1889 on dénombre 8 778 métiers mécaniques répartis dans 30 usines.
D’autres industries concourent à la richesse de la ville : tanneries, bourrellerie, sellerie, moulins, la papèterie des Frères Montgolfier, l’Arsenal qui emploie jusqu’à plus de 10 000 ouvriers au meilleur de son activité.
À juste titre Roanne est surnommée « la ville aux cent cheminées », édifices d’une hauteur de 30 à 50 mètres réalisées en briques rouges, d’où se dégage une fumée constante. Elles évoquent la richesse et la vitalité d’une commune dont la population se multiplie par cinq entre 1800 et 1900. La position géographique exceptionnelle de notre commune au bord de la Loire permet de véhiculer beaucoup de marchandises vers Paris, entre autres. Le commerce explose et devient dès lors très florissant.
Malheureusement, ces usines pourtant promises à un bel avenir n’ont pas su anticiper la grande crise de 1929, alors qu’il leur aurait suffi de moderniser leur outil de travail. Seules les entreprises solides ont surmonté cette épreuve comme les établissements Canard, les activités mécaniques de Renou rue de l’Entrepôt, la tannerie Desbenoit, Fressonet et Bonneton à la Farge.
La fin de la Seconde Guerre mondiale marque une nouvelle période faste ; tout le monde a besoin de vêtements. La population des faubourgs s’accroît et de nouveaux ateliers embauchent. Le roannais produit alors 70% des pulls et 45% du tissu éponge. 42% de la main-d’œuvre locale travaille dans le textile-habillement. Mais voilà que l’histoire se répète... Dans les années 80, face à une forte concurrence étrangère, une nouvelle crise encore plus grave surgit. Elle provoque la fermeture de nombreuses usines et entraîne bon nombre de licenciements touchant parfois plusieurs membres d’une même famille. La situation devient catastrophique. Abandonnées, toutes ces bâtisses se transforment en friches industrielles. Parallèlement on enregistre une baisse démographique importante, les ouvriers partant à la recherche d’un emploi à l’extérieur.
Depuis quelques années les quartiers se rénovent peu à peu, bâtiments et cheminées pourtant symboles du passé disparaissent et laissent place à des constructions modernes et plus éphémères. De nouveaux immeubles sortent de terre, des centres commerciaux fleurissent çà et là. Souhaitons que certains défenseurs du patrimoine œuvrent pour la sauvegarde des derniers vestiges d’une période euphorique afin que les futures générations s’en souviennent.