La carte postale prend ses marques à la fin du XIX^e siècle et au début du XXe siècle. Elle gagne en popularité comme moyen de communication et comme objet de collection. À cette époque, les progrès technologiques dans les domaines de l’impression et de la photographie rendent la production de cartes postales plus facile et plus abordable.

Une carte postale, c’est un travail d’équipe. Il faut d’abord un photographe qui va réaliser la prise de vue. Ensuite, l’imprimeur fabrique les cartes postales à l’aide du procédé de phototypie. L’impression se fait souvent en gros tirages. Puis l’éditeur commande des séries de cartes postales et les propose à la vente. Souvent les éditeurs-libraires disposent de leur propre librairie-papeterie ou bien distribuent leurs produits dans des bureaux de tabac-presse de la région.

Certains éditeurs de cartes postales connaissent une renommée nationale et sont présents dans les collections de la médiathèque : Louis Lévy, abrégé L.L. sur les cartes postales, mais aussi Lapie Service aérien, spécialisé dans les photographies aériennes ou bien encore Combier-Mâcon. Cependant, ce ne sont pas les seuls éditeurs de cartes postales présents dans les fonds patrimoniaux… A leurs côtés, des éditeurs locaux de moindre envergure ont contribué à populariser la carte postale et enrichissent désormais les collections de la médiathèque.

La carte postale occupe une place importante dans les collections patrimoniales de la médiathèque avec presque 5000 pièces !

Ces cartes postales couvrent une grande variété de sujets et proviennent de différents donateurs. L’un d’eux est Claude Dethève, médecin colonial roannais dans l’armée. Il a légué à la médiathèque sa collection de cartes postales d’Asie et d’Afrique. Roanne et le Roannais dominent toutefois largement grâce aux dons d’une collectionneuse roannaise.

En 1996, Mme Jomain propose d’enrichir la collection de la médiathèque avec 228 cartes postales anciennes témoignant de la vie locale : commerces roannais, vie sportive, sociétés musicales, catastrophes et faits divers, enseignement, activités industrielles, rues et quartiers de Roanne… Une aubaine !

En 2009, Mme Jomain offre le reste de sa collection : 529 cartes postales de 1920 à 1936 principalement de l’éditrice, Mme Lafay-Besacier. Mais ce n’est pas tout ! Les clichés négatifs, celluloïd et les plaques de verre accompagnent les cartes postales. Feuilleter ces albums, c’est découvrir la correspondance de diverses familles roannaises, voyager dans Roanne et le Roannais au XX^e siècle et retracer tout un processus de fabrication et d’édition. Cette collection est aujourd’hui une des grandes fiertés de la médiathèque. Elle continue à être régulièrement enrichie par des dons et des acquisitions.

Les cartes postales peuvent être consultées sur place au secteur Patrimoine de la Médiathèque de Roanne et sont également disponibles en ligne sur memo-Roanne. En raison de leur fragilité, les plaques de verre et les négatifs celluloïd ne sont pas communiquables au public.

Les Roannais qui possèdent des cartes postales détiennent à coup sûr des exemplaires estampillés « Mme Lafay-Besacier », l’éditrice de cartes postales la plus prolifique à Roanne. Retour sur le brillant parcours de cette roannaise.  

Née à Renaison le 30 janvier 1870 de l’union de Jacques Besacier et de Marie Roux, Madeleine Besacier passe toute son enfance dans le Roannais. Après la mort de son premier mari en 1897, Madeleine Besacier doit subvenir à ses besoins et à ceux de son fils. Elle achète le magasin de la libraire Marie Aublanc, au 21 rue de la sous-préfecture à Roanne. 

Elle installe son appartement à l’étage et s’occupe seule de sa boutique où l’on peut trouver des livres, des articles de papeterie, des objets d’arts… mais c’est surtout dans l’édition de cartes postales que Madeleine Besacier se spécialise.

Elle sollicite beaucoup d’artistes de la région pour lui fournir des peintures mais aussi pour coloriser des cartes postales. C’est à cette occasion que Madeleine rencontre Octave Lafay, artiste peintre qu’elle épouse le 22 février 1905, à l’église des Minimes à Roanne. Le couple demeure au domicile de Madeleine au-dessus du magasin. Octave Lafay continue son activité d’artiste-peintre et d’enseignant tandis que Madeleine développe son commerce. Son activité explose et c’est grâce à elle qu’ils pourront vivre assez aisément et même employer des domestiques ! Jusqu’en 1914, l’édition Mme Lafay-Besacier produit plus de 1000 sujets différents de cartes postales.

Malheureusement la guerre a fortement altéré la santé mentale d’Octave Lafay. Le ménage part s’installer à la campagne à Arfeuilles en 1919 où Octave possède une maison, signant la fin de l’activité de Mme Madeleine Lafay-Besacier. Elle mourra en 1937 de maladie.

Sur les cartes postales, on trouve à la fois les mentions : Edit. Tournaire-Besacier, Mme Tournaire-Besacier, Veuve Tournaire-Besacier, Mme Lafay-Besacier. Apparait aussi le nom du successeur de Mme Lafay-Besacier, Antoine Bonin. Ce dernier reprend le magasin du 21 rue de la sous-préfecture en 1919 pour quelques années puis il passe le flambeau à Mme Prieur qui développera elle aussi nombre de séries de cartes postales.

Utilisé à diverses fins, notamment pour envoyer de courts messages à des amis et à la famille, pour partager des expériences de voyage ou comme forme de publicité, la carte postale constitue un élément important de la communication et de la culture visuelle au cours du XX^e siècle.

Au sein du pôle Patrimoine de la Médiathèque de Roanne, ces collections représentent une source incontournable d'information sur l'histoire locale et contribuent à mettre en lumière des personnalités de la vie roannaise parfois peu connues.