XVIe siècle : finesse et élégance

Avec l’apparition du papier et de l’imprimerie, le livre devient plus petit et moins épais. Les reliures s’allègent; les plats sont en carton. Le grand changement technique est le grecquage : des entailles à la scie sont faites dans le dos des cahiers pour y loger les nerfs ou maintenir la ficelle. Le grecquage évite les excroissances sur le dos et permet la réalisation de dos lisses. Les tranches peuvent être décorées, dorées, teintées et ciselées. Les tranchefiles ne passent plus dans le carton : en fil, elles jouent désormais un rôle purement décoratif. La chèvre, le veau, le mouton sont parmi les peaux les plus utilisées. Un trait marquant de la Renaissance est l’introduction de la dorure avec apport d’or, connue en Perse depuis le XIVe siècle et en Italie vers 1480.

À Venise, Alde Manuce innove avec un nouveau style de fleurons : le motif crée une impression en creux, il n’a plus besoin d’encadrement. Différents styles de décor vont dès lors se côtoyer : 

Sous Louis XII (1462-1515), les reliures témoignent d’une transition entre celles du Moyen-Âge et l’esthétique de la Renaissance. On y voit encore des bandes verticales avec des répétitions de motifs. 

L’or et l’argent s’invitent dans le décor ; avec le temps, les reliures portant de l’argent ont noirci. 

  • Jean Grolier (1479-1565), Trésorier du roi aux armées, s’enthousiasme, à l’occasion des guerres d’Italie, pour les reliures italiennes. Il demande aux relieurs français de s’inspirer de leur décor : il s’agit d’une composition de petits fers et de filets parallèles s’entrecroisant parfois remplis de mastic. On parle depuis de reliure à la Grolier.
  • Le décor à la fanfare apparaît à la fin du siècle. Il se compose d’un médaillon central duquel part un jeu d’entrelacs et de fleurons aux motifs de rinceaux et de branchages réalisés aux petits fers,
  • Inventée comme son nom l’indique en Hollande au XVIe siècle, la reliure hollandaise, souple, en parchemin, se répand et devient courante en Europe au début du XVIIe siècle. Sa mode déclinera au XVIIIe siècle,
  • Le décor des reliures royales est basé sur des armoiries entourées d’une composition de fleurons répétés appelés semis,
  • Faisant écho au goût pour le macabre du règne d’Henri III (1575-1589), des reliures s’ornent de motifs funèbres.

L’augmentation du nombre de livres imprimés accroît considérablement le travail des relieurs car tous les livres sont désormais reliés. Les imprimeurs possèdent leur propre atelier de reliure. Et les livres suivent les modes.

Summa angelica Angeli de Clavasio casus conscientie

C'est à La Renaissance que les artistes apposent, de façon visible, leur signature sur leurs oeuvres. André Boule est le premier à signer ses reliures, sur les plats. Une cinquantaine lui sont ainsi attribuées.

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Missale secundum ritum ecclesie Lugdunensis

Le décor de cette reliure marque la transition entre ceux du XVe siècle (dorure à froid, roulettes monastiques) et ceux du XVIe siècle (dorure à chaud, fleurons Alde). 

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L'Histoire de Thucydide athénien

Les frères Arnoul et Charles L'Angelier, imprimeurs, relieurs, éditeurs et libraires à Paris dans les années 1540, apposent leur marque à l'or. Agenouillés devant le Christ, deux anges sont liés par une cordelière. Cet exemplaire est réalisé par Charles L'Angelier.

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Pentateuchus Moysi

Ce volume de petite taille arbore une remarquable composition à la Grolier. La dorure des fleurons Alde tranchent avec le teinture au mastic des entrelacs.  

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Biblia sacra

Des têtes de morts ainsi que les symboles et les instruments de la Passion du Christ (croix, clous, couronne d’épines, fouet, tenailles, éponge, lance) ornent cette reliure de style macabre.

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