Les reliures vénitiennes : quand l’Occident rencontre l’Orient

Aux derniers feux de sa splendeur, Venise a été le foyer d’une production sans commune mesure en Italie de 1470 à 1570 environ. Les relieurs vénitiens ont porté leur art à un haut degré de maîtrise.

Jusqu’au milieu du XVe siècle, cet art se distingue par une grande simplicité. Alde Manuce, imprimeur, relieur et libraire vénitien (1449-1515) crée un nouveau caractère typographique, dit italique, inspiré de l’écriture cursive, qui va influencer la réalisation de fleurons aux motifs de petites feuilles laissant une empreinte en creux dans le cuir. Cette innovation ornementale se répand dans toute l’Europe. Sous l’influence mauresque et avec l’arrivée d’artisans persans, les décorations vénitiennes deviennent de plus en plus riches et clairement orientales.

Une habitude de la République de Venise permet de disposer de témoignages de la maîtrise et du goût des artisans relieurs grâce aux Commissions ducales : les magistrats et les consuls envoyés pour administrer les villes sous la domination de Venise ont alors l’habitude de recevoir, au moment de leur nomination, un volume manuscrit sur parchemin avec les indications de gestion administrative et politique. Ces volumes possédant trois nerfs sur les dos sont recouverts de maroquin rouge ; toujours datés, ils indiquent le nom du commissionnaire et sont ornés de dorure. Véritables écrins précieux, ils portent le nom de Dogali.

Commission du doge Francesco Donà à Marino Cavalli comme Capitaine de Brescia

Des nombreuses reliures d'étoffe réalisées entre le XIVe et le XVIe siècles, peu sont encore visibles à cause de la fragilité du matériau. Le textile n'est pas adapté pour supporter l'articulation des plats d'une reliure. 

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Commission du doge Francesco Donà à Melchiorre Natali comme Capitaine de Trévise

Ces trois reliures datant des années 1550 sont réalisées de façon identique.Elles ne sont personnalisées que par le nom du magistrat ou du consul vénitien auquel chacune d'elle est destinée.

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Commission du doge Francesco Donà à Girolamo Contarini comme Podestat d’Oderzo

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Commission du doge Francesco Donà à Giovanni Battista Bellegno comme Podestat de Marostica

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Commission du doge Andrea Gritti à Marino Cavalli comme Capitaine de Vicence

Le décor, pour cette reliure réalisée antérieurement (1536), se base sur la même construction, une ornementation remplace le nom du destinataire du manuscrit.

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Commission du doge Gerolamo Priuli à Delfino Valier comme Podestat de Cattaro, sur la côte Dalmate

Pour cet exemplaire plus tardif (1560), l'intérieur de l'encadrement est garni d'une composition de fleurons du plus bel effet.

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In concionem Periclis et Lepidi

La magnificence des armoiries constitue le décor de cet ouvrage. Un encadrement de roulettes ornées à l'extérieur des plats les mets en valeur.

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Protogiornale per l'anno MDCCLXX

Savante construction pour ce décor réalisé avec quelques fleurons répétés, accompagnés de roulettes. L'exécution mêle la dorure à froid et à chaud ainsi que l'utilisation de mastic.

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Protogiornale per l'anno MDCCLXXXVII

Le quadrillage tracé sur le cuir est un support original à la dorure. Au centre du plat, un fleuron répété quatre fois et un second deux fois, s'intriquent afin de n'en former qu'un.

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Diario per l'anno bissestile MDCCLXVIII

Ce décor, semblant être une dentelle composée de fleurons mis côte à côte, est en fait exécuté avec une large roulette ornée. Le motif central est un fleuron poussé en miroir. 

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Comedia intitolata il Filosofo

Sur cette reliure au cuir tacheté, la roulette ornée est dorée à l'or tandis que les fleurons d'angle le sont à l'argent, devenu blanc à cause de l'oxydation.

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