Corps prostitués, corps dépossédés

« Elles se tiennent toutes nues afin de ne pas te tromper. Regarde-les en détail » décrit l’auteur grec Philémon à un éphèbe au sujet des filles de plaisir. En effet la prostitution est affaire de corps. Celui qu’il faut bannir pour la société, celui attrayant pour le client et celui avec lequel il faut vivre pour la prostituée.

En 2012, Judith Trinquart consacre sa thèse de médecine aux rapports que les travailleuses du sexe entretiennent avec leur corps et invente le concept de décorporalisation.

Le fait de subir des rapports sexuels répétitifs et non désirés tels des effractions, engendre un mécanisme de défense inconscient prenant la forme d’un clivage psychique et physique.

L’enveloppe charnelle et l’esprit se dissocient. Les témoignages font part d’impression d’immatérialité, d’état de mort/vivant, d’être spectateur de soi…

Le corps se disloque, d’autant que les clients n’achètent pas une personne mais un corps, voire un morceau de celui-ci, les tarifs étant différents selon les pratiques.

Ce sentiment angoissant de dépersonnalisation s’accompagne d’une perte généralisée des sensations corporelles, une sorte d’anesthésie s’accentuant avec le temps. Syndrome dangereux, il augmente la tolérance à la douleur (sévices non ressentis) et efface la perception de nécessité de soin.

Les « troubles de la conscience de soi et du vécu corporel » dus au corps dépossédé et déshumanisé révèlent, selon Judith Trinquart, une souffrance ainsi qu’un état de santé des personnes prostituées « très préoccupant », méconnus du milieu socio-médical et de fait non pris en charge.

Véronica Franco

Veronica Franco (1546-1591) est la courtisane vénitienne la plus célèbre de son époque.

Elle appartient aux cortigiane oneste, les courtisanes belles et cultivées que fréquentent les notables. Elle passe d’ailleurs une nuit avec le roi Henri III.

Sensible aux arts, elle écrit deux recueils de poésies et pose pour Le Tintoret qui la représente un téton dévoilé.

Elle crée à la fin de sa vie, une institution d’aide aux prostitués et à leurs enfants.

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Un harem

Harem, étymologiquement lieu interdit, désigne les appartements des épouses et autres favorites, concubines ou captives des sultans ou grands seigneurs du monde arabe.

Il s’agit de prisons raffinées dans lesquelles les femmes reçoivent les meilleurs soins, des divertissements, de l’éducation mais où elles sont confrontées à la soumission, à l’absence de liberté, à une discipline codifiée et des rivalités.

Par raccourci fantasmatique, l'imagerie populaire occidentale a fait du harem un lieu de plaisir et de prostitution.

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Dialogue de l'Aretin

Pierre L’Arétin (1492-1556) est un poète pamphlétaire italien. Surnommé le divin Arétin, ses thèmes de prédilection ; l’érotisme, la prostitution et le cynisme, le rendent scandaleusement célèbre.

Nanna, Pippa, Laïs, Lamia sont quelques-unes des héroïnes prostituées qu’il se plait à mettre en scène car selon lui : « la nonne trahit ses vœux, et la femme mariée assassine le sacrement du mariage ; mais la putain ne trompe ni monastère ni mari : bien plus, elle fait comme le soldat, payé pour faire du mal et qui, ce faisant, n'est pas considéré comme un malfaiteur, car sa boutique vend ce qu'elle a à vendre ».

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Boulevard du Midi

À la fin du XIXe siècle quatre maisons closes situées derrière l’hôtel de ville sont en activité à Roanne. En 1896, Joanny Augé, membre du Parti ouvrier français et maire de la commune, publie un opuscule sur la réglementation de la prostitution in situ. Dans un préambule il évoque la difficulté pour la municipalité de veiller à l’ordre public  tout en étant attentif aux « devoirs d’humanité » envers les prostituées. Succèdent 43 articles codifiant le recensement des filles, leur visibilité au sein de la ville, les mesures sanitaires nécessaires et l’organisation des maisons de tolérance. 

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