Du Xe au XVe siècles : naissance de l’art de la reliure

Le verbe relier vient du verbe lier, ligare en latin. Il apparaît vers le milieu du XIIe siècle en France. Au Moyen-Âge, toute l’activité intellectuelle et artistique est concentrée dans les monastères, principaux centres de création de livres. Le moine chargé de la reliure est appelé ligator.

Durant toute la période, les livres sont manuscrits et enluminés sur du parchemin. La couture est réalisée avec du fil de lin ou de chanvre autour de nerfs de bœuf formant des reliefs sur le dos d’où l’appellation de nerfs. À la partie supérieure et inférieure de celui-ci se trouvent les tranchefiles tressées en cuir qui renforcent la reliure à l’endroit où le livre est saisi. Les nerfs et les tranchefiles fixent des planches de bois appelées ais constituant les plats. Le bois est généralement du sapin, du chêne ou de l’orme. Les reliures sont ornées de peaux de mouton, truie, cerf, âne… Du fait d’un rangement horizontal des livres, les plats sont munis de clous (ombilic et cabochon) visant à protéger le cuir.

Pour éviter que les feuilles de parchemin gondolent sous l’action de l’humidité, des fermoirs ou des lanières maintiennent les livres serrés.

Le plus souvent, la couverture est estampée à froid, c'est-à-dire que le cuir mouillé reçoit un décor produit par l’impression d’une plaque de bois ou de métal gravée à l’aide d’une presse. Cette technique sera remplacée par l’usage de fleurons.

Différents styles de décor se côtoient :

  • Les reliures monastiques avec un décor constitué d’encadrements et de fleurons répétés,
  • Des scènes religieuses poussées à la plaque gaufrant le cuir des reliures gothiques.

À la fin du Moyen-Âge, l’introduction de la fabrication du papier (inventé en Chine au IIIe siècle mais répandu en France à la fin du XIIIe siècle) ainsi que la création de l’imprimerie (vers 1455) vont peu à peu modifier l’aspect du livre et de la reliure. Les livres imprimés avant 1500 appelés incunables, n’échappent pas à cette évolution.

Une autre évolution notable est à noter dans l’émergence d’ateliers laïcs travaillant pour une clientèle pieuse et riche : noblesse et riches marchands. Le livre n’est plus le seul fait des religieux.

Summa theologica

Cette reliure très finement ornée laisse entrevoir, dans son coin inférieur gauche, le nerf servant de support à la tranchefile fixant l'ais de bois.

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Antiquitates Romanea

Les imposants cabochons métalliques encadrant le décor géométrique attirent le regard sur cet ouvrage. Ils servaient à protéger les coins de la reliure mais également le cuir puisque le livre était rangé horizontalement et non verticalement.

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Opera

La composition de ce décor a fait preuve d'une minutieuse étude par son exécutant. De nombreux éléments décoratifs différents se mèlent autour des quatre plaques centrales.  

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Missale Matisconense

Décor estampé, cabochons, ombilic, fermoirs, tranchefiles tressées et lanières de préhension, les principales caractéristiques des reliures du XVe siècle apparaissent sur ce volume.

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