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Aux Dames de France

Aux Dames de France - Carrefour Helvétique à Roanne

Aux Dames de France - Carrefour Helvétique à Roanne

La création

Une chaîne de magasins, fondée en 1898 par les frères Gompel et dont le siège se situe Boulevard Voltaire à Paris, ouvre plusieurs établissements répartis sur tout le territoire.

En 1910, l'élargissement du carrefour helvétique (point le plus attractif du centre de Roanne) permet au tramway de circuler plus facilement. Pour agrémenter ce lieu stratégique et en cette période faste pour l'économie, on décide de construire un magasin "Aux Dames de France".

La première pierre, posée en octobre 1911, permet l'ouverture à l'automne 1912. L'architecture caractéristique de cette époque s'inspire des grands magasins parisiens (La Samaritaine, le Bon Marché…). Le fronton imposant dominant la façade arbore les armes de la ville et symbolise à la fois la richesse et la réussite de Roanne. L'architecte a utilisé la pierre, le métal et le verre qui laisse entrer beaucoup de lumière.

Pour accéder aux divers étages on emprunte un escalier en bois. Le cœur de la structure est vide alors que les rayons, remplis de marchandises, s'étalent sur le pourtour de chaque niveau. Les paliers s'agrémentent d'une belle balustrade en fer forgé et de grosses boules blanches diffusent une lumière d'ensemble. Un intérieur vraiment très chic émane du choix de toutes ces matières nobles.

L'apothéose

La clientèle apprécie le vaste choix de marchandises proposées aussi bien pour le quotidien que pour les grandes occasions (baptême, communion, mariage) : vêtements et différents articles de mode, chaussures, layette, puériculture, linge de maison, meubles et fournitures d'ameublement, horlogerie, orfèvrerie, porcelaines, verrerie, appareils ménagers, parfumerie, décoration, maroquinerie, alimentation… Tout s'échelonne sur cinq étages. Les vitrines aux décors attractifs et somptueux attirent de nombreux curieux tout au long de l'année et davantage pour les fêtes.

Cette belle entreprise a compté jusqu'à 220 employés ce qui occasionnait une activité dense au centre-ville.

Vue du rayon de modes à l'intérieur du magasin

Vue du rayon de modes à l'intérieur du magasin

Aux Dames de France, vue du rez-de-chaussée

Aux Dames de France, vue du rez-de-chaussée

Rayon de confections pour Dames

Rayon de confections pour Dames

Le bâtiment après l'incendie du 8 juillet 1962

Le bâtiment après l'incendie du 8 juillet 1962

L'apocalypse

Hélas 50 ans plus tard, le 8 juillet 1962 vers 4h15, un incendie d'une rare violence ravage l'emblème commercial de Roanne. Dès lors 180 personnes se retrouvent au chômage et l'on constate des dégâts considérables. Les Roannais sont consternés devant ce spectacle apocalyptique ! La reconstruction est aussitôt décidée. Dès le 11 juillet les travaux de déblaiement commencent…

Le 31 août 1965 l'enseigne ouvre à nouveau ses portes au même emplacement. Le bâtiment bénéficie d'une architecture beaucoup plus moderne aux formes arrondies et à l'intérieur plusieurs escalators relient les étages… C'est à nouveau l'euphorie pendant quelques années pour la clientèle avide de ce modernisme. Malgré tout le magasin a perdu son lustre d'antan et avec la crise des années 80 et la création de zones commerciales en périphérie, un lent déclin s'amorce. Bien que racheté en 1985 par la concurrence, il ferme définitivement ses portes le 30 juin 1988.

La nostalgie

La population locale reste nostalgique de l'époque où l'enseigne "Aux Dames de France" hissait Roanne à la hauteur des plus grandes villes. Ce magasin avait une vocation commerciale et représentait également un lieu de promenade et de flânerie pour toute la population alentour. On y venait de loin tout comme nous allons à la Part-Dieu à Lyon, au Printemps ou aux Galeries Lafayette à Paris… Cet engouement aura tout de même duré 75 ans… Peut-être serait-ce encore l'attrait de notre centre-ville sans ce malheureux incendie ? C'est une immense perte pour notre patrimoine local…et pour le cœur de la cité!

Le bâtiment actuel beaucoup moins attrayant abrite une banque, des services administratifs et une restauration rapide. Mais il n'interpelle absolument plus les passants…

Le bâtiment actuel - Le Progrès du 5 janvier 2020

Le bâtiment actuel - Le Progrès du 5 janvier 2020